Chers amis de l’Asbl Dialogues,
Tandis que nous avons été contraints de restreindre temporairement les activités la GAC de l’Asbl Dialogues, notre équipe s’est organisée afin de pouvoir vous proposer des divertissements et nourritures artistiques et culturelles durant cette période particulière et compliquée à vivre pour beaucoup d’entre nous.
En cette fin de semaine, sans vous éloigner des visites virtuelles de musées et galeries d’art contemporain, nous vous proposons un contenu dédié au photojournalisme. Nous avons choisi de mettre en lumière l’actualité de la Fondation Carmignac.
La 11ème édition du Prix Carmignac du photojournalisme, consacré à la République démocratique du Congo, présente « CONGO IN CONVERSATION », un reportage collaboratif produit par le photographe canado-britannique Finbarr O’Reilly, lauréat du 11e prix.
Chaque année, le Prix Carmignac du photojournalisme soutient la production d’un photo-reportage de 6 mois par le lauréat, qui est ensuite publié dans une monographie et présenté dans une exposition itinérante. Le reportage de Finbarr O’Reilly a débuté en janvier mais la fermetures des frontières l’empêchant de se rendre en RDC, il a, avec l’équipe du Prix, repensé et adapté le reportage à la crise que nous traversons pour concevoir « CONGO IN CONVERSATION ». Il s’agit d’ un reportage collaboratif en ligne réalisé en coopération étroite avec des des journalistes et photographes congolais: Arlette Bashizi, Justin Makangara, Al-Hadji Kudra Maliro, Baron Nkoy, Moses Sawasawa, Ley Uwera, Bernadette Vivuya, Steve Wembi
La 11e édition du Prix Carmignac du photojournalisme se propose d’explorer avec un optimisme prudent l’avenir de la République démocratique du Congo, en documentant les dures réalités et les défis qui freinent l’essor d’un pays exploité depuis des générations. Avec la pandémie de coronavirus, le projet se focalise sur la manière dont les Congolais affrontent la pire crise sanitaire mondiale alors que le pays émerge à peine d’une épidémie dévastatrice d’Ebola et de la pire flambée de rougeole au monde.
Basé sur un site Internet créé pour l‘occasion, et relayé sur les réseaux sociaux du Prix Carmignac, « CONGO IN CONVERSATION » propose une production inédite d’écrits, de reportages photos et de vidéos qui documente les défis humains, sociaux et écologiques que le Congo affronte aujourd’hui, dans le contexte d’une crise sanitaire sans précédent.
Le Prix Carmignac offre à des voix congolaises une tribune pour contribuer à la conversation mondiale.
Nous partageons aujourd’hui avec vous « Goma dans l’obscurité », un extrait du travail collaboratif produit par une journaliste et photographe indépendante congolaise Arlette Bashizi.
Arlette Bashizi est basée à Goma. Son travail s’intéresse à la musique, la culture et la vie quotidienne. Elle est membre du Collectif Goma Oeil et du Réseau des femmes photographes du Congo.
Goma dans l’obscurité
Par Arlette Bashizi
© Arlette Bashizi pour la Fondation Carmignac
Goma, République démocratique du Congo, 27-28 avril 2020. Les écoles étant fermées pendant la période de confinement, et vu la régularité des coupures de courant dans la ville, ma petite sœur de 13 ans étudie à la maison en s’aidant de la torche d’un téléphone. Nous avons beaucoup de coupures de courant à Goma. Nous y sommes habitués mais elles rendent la vie difficile, surtout la nuit, et c’est encore pire maintenant que nous sommes enfermés toute la journée. Pas d’électricité, cela veut dire que nous ne pouvons pas charger nos portables et nos ordinateurs, regarder la télévision ou utiliser Internet. Goma étant proche de l’équateur, il y fait nuit de 6 h du soir à 6 h du matin presque tous les jours. Les soirées sont facilement ennuyeuses.
Les deux premières photos de la série ont été prises les 27 et 28 avril au soir pendant que Marie, ma petite sœur de 13 ans, étudiait au milieu des coupures de courant. Elle adore les mathématiques et veut devenir une femme d’affaires. En attendant que les écoles rouvrent, elle travaille à la maison, avec ou sans électricité. Là, elle s’éclairait à la torche du mobile de notre mère.
Chez moi, nous sommes neuf : sept enfants et les parents. Normalement, mon père est charpentier et ma mère vend des chaussures sur le marché, mais le confinement a tout arrêté. Pendant un temps, ma mère a vendu des chaussures devant la maison, mais le stock s’est épuisé et les clients ont disparu.
Financièrement, les choses deviennent difficiles, nous devons réduire nos dépenses au minimum. Quand les premiers cas liés au coronavirus ont été confirmées début avril, les gens ont commencé à paniquer. Après l’épidémie d’Ebola dans l’est du Congo, la perspective d’un nouveau virus mortel terrorisait tout le monde.
Trois jours après la confirmation du premier cas de Covid-19, je me suis jointe à un groupe de jeunes animateurs de « Kazia Pale », un programme radio, qui rendaient visite à des populations particulièrement vulnérables pendant le confinement. Nous sommes allés dans le quartier de Katoyi, qui souffre d’un accès difficile à l’eau courante. Nous y avons rencontré quelques veuves auxquelles les activistes ont expliqué l’importance du lavage des mains et, l’eau étant rare, son possible remplacement par du gel désinfectant. Nous avons aussi visité un orphelinat où ils ont longuement insisté sur l’importance de se laver les mains pendant 20 secondes au moins.
Un mois est presque passé et nous attendons la suite. Neuf cas de Covid-19 ont été confirmés dans la province du Nord-Kivu, dont trois à Goma. Tous les malades se sont rétablis. Les autorités nous disent qu’elles attendent pour lever le confinement, mais nous ne savons pas quand il aura lieu et à quoi il ressemblera. Dans ce domaine, nous sommes comme tout le monde : un peu dans l’obscurité.
Nous vous invitons à visiter la 11ème édition du Prix Carmignac sur le site Internet créé pour l‘occasion, et relayé sur les réseaux sociaux du Prix Carmignac, « Congo in Conversation ».
congoinconversation.fondationcarmignac.com
Visa pour l’image: compte Instagram
Déjà en ligne sur le site de la Fondation Carmignac
Finbarr O’Reilly De l’épidémie à la pandémie
Justin Makangara Kinshasa en confinement
Moses Sawasawa L’économie informelle du Congo
Pamela Tulizo Décoloniser la beauté
Arlette Bashizi Goma dans l’obscurité
Légende photo
Goma, République démocratique du Congo, 27-28 avril 2020. Les écoles étant fermées pendant la période de confinement, et vu la régularité des coupures de courant dans la ville, ma petite sœur de 13 ans étudie à la maison en s’aidant de la torche d’un téléphone. © Arlette Bashizi pour la Fondation Carmignac
Goma, République démocratique du Congo, 27-28 avril 2020. Les écoles étant fermées pendant la période de confinement, et vu la régularité des coupures de courant dans la ville, ma petite sœur de 13 ans étudie à la maison en s’aidant de la torche d’un téléphone. © Arlette Bashizi pour la Fondation Carmignac
Vous pouvez rester connectés sur les activités de l’ASBL Dialogues et visiter sur notre site les expositions que nous avons accueillies et découvrir, toujours, le travail des artistes que nous vous avons présenté ces derniers mois. www.galeriedialogues.org
Nous sommes ouverts du lundi au vendredi de 9h à 13h. Nous vous invitons à prendre rendez-vous avec notre équipe pour toute demande, mais également découvrir les oeuvres en réserve et prendre contact avec les artistes membres de l’ASBL Dialogues.
Nous vous proposerons bientôt d’autres pépites culturelles et artistiques.
J’espère personnellement que vous vous portez bien , que vous prenez bien soin de vous et de vos proches et que vous êtes plein d’espérance.
Excellent week-end à chacun d’entre vous 🙏🏽
Marie-Aude Delafoy
Attachée culturelle
ASBL Dialogues