Nicole Rafiki – Jean Katambayi
Bien que des décennies se soient écoulées depuis la découverte de l’énergie électrique, la pénurie persistante d’électricité pose un certain nombre de problèmes dans la vie quotidienne des Congolais. Une électricité abordable et fiable constitue une base solide pour l’élévation du niveau de vie des populations et le progrès technologique. Cependant, selon les statistiques de l’USAID, 19 % des citadins et 5 % des habitants des zones rurales ont accès à l’énergie hydraulique et gazière du pays.
Dans cette exposition, l’artiste Jean Katambayi Mukendi, basé à Lubumbashi, et la Norvégienne et Congolaise Nicole Rafiki examinent les conséquences de cette situation sur la population croissante de 84 millions d’habitants.
Les lampes sombres de Mukendi, surnommées “Afrolamps”, sont porteuses de la signification symbolique de son enquête : dans un monde qui appelle à des réformes énergétiques répondant à des objectifs environnementaux durables pour la planète tout en restant dépendant de l’énergie électrique, comment se positionne une population maintenue dans l’obscurité littérale et politique ?
Avec pour toile de fond une pandémie, Mukendi et Rafiki explorent les différents obstacles et les possibilités offertes par un enchevêtrement entre l’industrie électrique et la politique. Rafiki aborde ces questions du point de vue d’un Congolais de la diaspora rentrant au pays et renouant ses liens avec les communautés rurales souvent négligées et mal desservies. Dans sa série, l’artiste observe les activités quotidiennes des gens ordinaires, commentant les activités laborieuses entreprises en l’absence de technologie, d’équipement ou d’énergie adéquats. Les œuvres commentent l’extraordinaire capacité à supporter des forces naturelles telles que le soleil brûlant, la mort, les pénuries d’eau et le manque d’énergie électrique.
Collision est une exposition duo à découvrir à la GAC de l’Asbl Dialogues
Musée National de Lubumbahi – Du 3 décembre au 10 Janvier 2022
NICOLE RAFIKI
Elle est née en 1989 en RDC. Rafiki est une artiste, une curatrice et une éditrice. Elle vit à Oslo en Norvège.
En tant qu’artiste interdisciplinaire, elle utilise le textile, le texte et la photographie pour réimaginer et défier la représentation stéréotypée des espaces, des contextes, des identités et des personnes affectées par la migration mondiale.
Son travail le plus récent est une exploration continue de l’asservissement, de la déshumanisation et de l’hypersexualisation du corps des femmes africaines à travers les systèmes coloniaux et raciaux, la migration globale et forcée et les politiques identitaires.
Parmi ses expositions actuelles, citons sa participation à la plus grande exposition nationale d’art contemporain de Norvège, Høstutstillingen (l’exposition d’automne), Østlandsutstillingen – une exposition collective régionale – et “Babidi Mbapite” (Deux est mieux qu’un), une installation dans un espace public du centre-ville d’Oslo.
Rafiki a été commissaire et a participé en tant qu’artiste à l’exposition collective “Good Mourning” au Musée interculturel d’Oslo.
En 2021, elle s’est rendue en République démocratique du Congo à Lubumbashi où elle a participé à des ateliers et des conférences chez Picha. La GAC de l’Asbl Dialogues a accueilli son travail à travers une exposition duo « Collision » avec le plasticien Jean Katambayi.
JEAN KATAMBAYI
Jean Katambayi est né en 1974, à Lubumbashi, en RDC, où il vit et travaille. Sa quête est une recherche obsédante sur les flux d’énergie qui régissent notre monde, qu’ils soient physiques ou spirituels.
Très tôt pendant son enfance , Jean réagit à l’incertitude d’une société qui focalise toute son économie sur l’exploitation minière dans laquelle ses deux parents ont travaillé. L’inspiration des machines de Jean ont vu le jour dans une résultante entre hérédité, société, géométrie, innovation, perspective. À ce jour, les multiples crises de l’ eau et de l’électricité, les incohérences administratives de son pays semblent justifier les inquiétudes de Jean Katambayi qui continue à exhorter toutes les couches de la population à de meilleures approches pour un développement efficient.
Jean a effectué dans son parcours plusieurs résidences notamment à l’école supérieure d’art d’Aix en Provence et plusieurs expositions. Son travail figure dans quelques collections, dont celle du Musée MUKHA d’Anvers. Il a été bénéficiaire du prix Zeitsicht 2019 à Augsburg sous le commissariat de Sammy Baloji. Jean Katambayi a participé à plusieurs Biennales d’art et est un membre actif dans l’organisation de la Biennale de Lubumbashi au sein de l’association Picha.
Ses pièces et dessins sont autant d’études qui rendent visibles les déséquilibres du monde et des forces. À l’aide de carton et d’éléments électroniques récupérés et recyclés, il crée des systèmes électriques de calculs, machines théoriques et pratiques qui mettent en évidence la question du manque de ressources énergétiques dont souffre le Congo, où il réside, tout en tentant de les résoudre.
La pratique de Jean Katambayi trouve écho dans le hacking et ses fondements : le partage des connaissances, la volonté de l’éveil des consciences et la mise en application d’une ingéniosité qui semble infinie. Ses créations, à la fois subtiles et poétiques, sont un hymne au dépassement des limites, aussi bien sociales, politiques que matérielles.