L’Asbl Dialogues est fière d’accueillir en « OFF » la 1àe édition de LUBUMPASHI PHOTO à l’occasion du 36e jumping international au CHL.
Deux réalités antithétiques ? Irréconciliables ? Sans doute l’emblème des oppositions binaires sur lesquelles reposerait l’imaginaire humain qui ne peut envisager l’un sans l’autre. Deux faces d’une même réalité : gémellaire irrémédiablement.
Il est vrai que l’évocation de l’un met en branle forcément la présence de l’autre, fût-ce sur un mode mineur. La lumière, du moins dans nos représentations mentales, est éclat, éblouissement, jaillissement. L’ombre, au contraire, est ténèbres, voilement, obstacle, péril.
Dans la plupart de cultures, le mot lumière connote joie, vérité, pureté, clarté, évidence. Quant au vocable ombre, il est assimilé consciemment ou inconsciemment à ce qui est obscur, ambivalent, à ce qui fait obstacle au triomphe de la lumière voire au mal et à la dissimulation.
Contre les manipulations éhontées des images à des fins douteux, contre les falsifications au service de la propagande, contre la destruction des valeurs de solidarité et de partage, contre la banalisation de la violence, la montée de la vulgarité, la photographie pourrait s’avérait une arme redoutable. Un antidote à la caporalisation des esprits et des corps. Un démenti aux évangiles de la stigmatisation et des exclusions.
Ombre et lumière se prêtent à toutes les déclinaisons dans le surgissement des imaginaires singuliers et leur part de subjectivité. La photographie ne fût elle pas à l’origine un jeu d’ombre et de lumière, pour ainsi dire.
A l’ère des images trafiquées ou créés par l’IA pour alimenter les fake news, de « vérités virtuelles » et autres tartufferies pendables qui défient le jugement humain, le photographe fort de son art et soucieux d’éthique ne peut être qu’une aubaine.
Un conte du Congo rapporte une controverse entre l’ombre, le soleil et le vent. Pour dire les choses simplement, ils se disputent les faveurs de leur maître, le roi. Contre toute attente c’est l’ombre qui aura le dernier mot : « Mon roi, moi, je ne t’ai jamais quitté, quand le soleil te brûlait ou quand le vent s’en allait souffler au loin. »
Voilà de quoi faire sourire, les choses étant vues depuis le promontoire du 21ème siècle, scandé d’innovations que n’eussent pas imaginer les inventeurs de la photographie ou même du cinéma.
Il s’ensuivit pourtant le triomphe de la photographie, et dans la foulée, la mise en images souvent scandaleuse des peuples extra européens dont il s’agissait de traquer la barbarie, pour mieux cautionner les scandaleux principes de la mission civilisatrice. Des images qui ont débouché sur la déclassification de l’autre, exotisé, ravalé primitif.
Ombre et lumière : deux faces inséparables de la photographie. Formidable outil de découverte de merveilles du monde ; elle a aussi péché par ses usages abusifs, en témoigne la propagande coloniale.
De nos jours, des nouvelles technologies propices à la manipulation des images constituent une des principales sources de la caporalisation des esprits, contribuant à l’abaissement des humains. A l’ère des photographies trafiquées voire créés par l’intelligence artificielle (l’IA), au service de fake news, vérités virtuelles, tartufferies et autres manipulations qui tendent à une uniformisation de nos sociétés, cet appel à projets vient à son heure pour sonner le tocsin. L’art de la photographie devrait retrouver ses lettres de noblesse. Il faut non seulement en émettre le vœu, il est impératif de se mettre à l’ouvrage.


