Lubumbashi capitale d’art. La cité Haut-Katangaise accueille en ses murs TOXICITY, la 7ème édition de la Biennale de Lubumbashi en République démocratique du Congo. Elle a débuté le 6 octobre 2022 sous la direction artistique de Picha.
L’ASBL Dialogues située au Musée National de Lubumbashi est hôte de la 7e édition de la Biennale de Lubumbashi. Elle héberge le travail artistique de deux artistes internationalement reconnus. Durant tout le mois de novembre, le public est invité à découvrir à la GAC au Musée National de Lubumbashi TOPOS MÉTAMORPHOSE DES LIEUX, une œuvre du plasticien et sculpteur Isaac Sahani Dato, et SHIMOKO la fumée un documentaire du cinéaste, compositeur, artiste sonore, Franck Moka.
ISAAC SAHANI DATO
TOPOS MÉTAMORPHOSE DES LIEUX
Isaac Sahani est né en 1992 à Boende. Il vit et travaille à Kinshasa. Il est l’initiateur du collectif « Bokutani Artistes Réunis », un collectif réunissant des jeunes artistes kinois, depuis 2010. Sa pratique artistique s’articule autour de la photographie, la performance, l’installation et le dessin. Critique, l’artiste mène une réflexion engagée sur des questions liées à son pays, la R.D. Congo. Isaac a participé à plusieurs expositions et résidences à Kinshasa, Lubumbashi, Brazzaville, Dakar, Paris et Milan. Sahani est actuellement Directeur artistique de Laboratoi’art, qui est une boite de création d’arts visuels qui explore les potentiels interactions sociales par la construction d’espaces et des situations qui stimulent le dialogue et la réflexion entre les décideurs, l’art, la ville et un public élargi. De même, Isaac a assumé la fonction de Directeur artistique de la Biennale de Kinshasa, Yango 2022.
Le regard artistique d’Isaac Sahani se pose trop souvent sur des questions de résidus et traces fonctionnelles dans les villes du sud. De leurs influences et répondants sous, diverses formes. Ces résidus sont donc des poubelles, à l’exemple de la série photographique « Kin label », qui traite sur la poésie qui ressort de l’insalubrité la ville de Kinshasa, poésie iconique, chromatique et surtout verbale avec les enseignes ou petites inscriptions et annonces qui accompagnent ou émettent des interdictions du genre : « Il est interdit de pisser ici » ou « il est interdit de jeter des poubelles ici », etc. ; qui pourtant ne sont pas respectées. De même cette approche d’exploration des résidus s’axe sur des questions des restes ou de traces d’images populaires dont des portraits peints des années auparavant sur des murs de salons de coiffure, etc. Il en recueille et en extrait un profil psychologique de la ville. Isaac Sahani, dans cette approche résiduelle, ne laisse pas s’échapper des questions coloniales. Dans sa ville, les traces abstraites et résiduelles qui président au fonctionnement de sa ville ne lui laissent pas indifférent.
TOPOS MÉTAMORPHOSE DES LIEUX
Ici se déploie, à travers le titre « Topos », techniquement et conceptuellement des représentations figuratives identifiant des personnages ayant une charge historique et symbolique, dans la sphère de la région du Katanga, ex-Shaba. Cette idée est issue d’un constat, selon lequel il y a des noms qui disent beaucoup dans l’imaginaire collectif de cette région, sans que les visages auxquels ils se rapportent soient connus.
Opérer des recherches, en naviguant sur des noms de lieux emblématiques de villes et villages afin de retrouver, par la suite, les visages cachés de noms comme M’siri, Lusinga, Elisabeth (voir Élisabeth ville), et ainsi de suite, a été le goal de cette visée.
Topos est aussi, au-delà de ces représentations de portraits réalistes et quelque peu romancés, faits en incisions sur du marbre,- un dispositif accompagné d’un ensemble des récits et cartographies liés à ces noms.
Des textes écrits, avec le concours d’un écrivain de la place, dans une logique non classique de la chose. Il s’agit donc d’un assemblage de faits, d’images, d’idées, de symboles puisés de contes, récits et légendes, liés à ces quelques personnages. Cet exercice Métaphore des lieux d’identification et de décortication de ces personnages peut contribuer, un tant soit peu, à la mise en exergue de la « toxicité » (vue ici dans sa dimension métaphorique) et les conséquences de certaines actions, ainsi qu’à la compréhension du pourquoi de certaines pesanteurs que connaissent les milieux qui portent ces noms.
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FRANCK MOKA
SHIMOKO
Franck Moka (1989 Kisangani) vit et travaille à Kisangani. Compositeur, artiste sonore, artiste médiatique et cinéaste. Il a commencé en tant que rappeur et a ensuite commencé à composer de la musique pour d’autres artistes également. Il a collaboré avec des artistes tels que Dorine Mokha, Faustin Linyekula et Nelson Makengo. Artiste associé aux Kabako Studios, il a écrit avec Faustin Linyekula la bande sonore et la vidéo de la performance “My Body, my Archives” au Tate Modern Museum. Il est également l’auteur de la musique et de la vidéo de “Entre-Deux : Testament” de Dorine Mokha, avec qui il codirige le projet Art’gument. En plus de son travail de compositeur et de concepteur sonore, Moka écrit et réalise des films. Il est lauréat de la bourse Creativity is Life d’Africalia et est l’un des rares artistes multimédias expérimentaux en République démocratique du Congo.
Shimoko
Installation sonore pour 5 haut-parleurs et un écran
Qu’on peut traduire par la fumée, il s’agit ici d’un travail qui par sa forme se veut d’interroger notre capacité à aller chercher ce qu’on n’entend pas toute de suite; et par son fond pose question sur les problèmes réels que subissent des gens qui connaissent les impacts néfastes de la pollution venant de la production des usines minières. Expériences vécues de manière directe par certains habitants des quartiers voisins des sites miniers.